Catégorie : social

  • Métaphysique des tubes – Variation sur le grand âge

    Il existe un état de l’être humain que l’on pourrait qualifier de parfait retour aux sources, une régression ultime vers l’essence pure de l’existence. C’est celui de certaines personne très âgée ayant perdu ses facultés mentales et se trouvant dans un état de dépendance totale. Dans cette condition, l’individu retrouve paradoxalement une forme de grâce, une innocence retrouvée qui n’est pas sans rappeler les premiers moments de la vie.

    Cette personne âgée, dépouillée de ses codes sociaux, de ses préoccupations matérielles, de ses angoisses existentielles, accède à un mode d’être fondamental. Elle ne pense plus, au sens où nous l’entendons habituellement. Elle est, tout simplement. Son rapport au monde se résume à l’essentiel : la faim, la soif, la chaleur. Les tubes qui l’alimentent deviennent alors les liens ultimes qui la rattachent à l’existence, des cordons ombilicaux d’un nouveau genre qui maintiennent en vie cette humanité épurée.

    Dans cet état de dépendance absolue, la personne âgée retrouve une forme de sagesse involontaire. Elle n’a plus besoin de justifier son existence, de prouver sa valeur, de lutter contre le temps. Elle habite pleinement l’instant présent, libérée du poids du passé et de l’angoisse du futur. Son sourire, d’une puissance jamais atteinte, illumine son visage avec une intensité qui transcende toute compréhension rationnelle, comme si elle percevait des vérités que notre agitation quotidienne nous empêche de saisir.

    Car cette personne âgée dépendante accède, sans le savoir, à un statut divin. Elle est devenue un dieu par la grâce de son dénuement même. Sans jamais rien demander, sans formuler la moindre prière, tout vient à elle. La nourriture arrive à ses lèvres, l’eau répond à sa soif, les mains bienveillantes la lavent et la soignent. Elle règne sur un royaume invisible où sa seule présence suffit à mobiliser l’amour et l’attention de tous ceux qui l’entourent. Elle n’a qu’à exister pour que l’univers conspire à son bien-être.

    Je suis tenté de lui demander quelle est la question à la réponse de la vie, de l’univers et du reste qui se trouve être « 42 », mais cette personne n’a pas besoin de dire ni la question ni la réponse. La vérité est aussi vraie qu’elle est. La vérité est sujet, elle n’a de sens que parce qu’elle est. Nul besoin d’avoir la question ou la réponse pour être, il suffit.

    Les gestes de ceux qui l’entourent prennent alors une dimension sacrée. Changer une couche, donner à manger, prodiguer une caresse, deviennent des actes de pure humanité. Ces soins, exécutés avec dévotion, révèlent ce que nous avons de plus noble : une foi aveugle et absolue envers ceux qui ont atteint cette plénitude. Y aurait-il une quatrième étape après le ça, le moi et le surmoi ? Un Après-Moi ? un Je-moi ? un Nous-Moi ?

    Il existe des fins brutales et précoces et je me demande si vivre cette mise en abîme de la naissance au grand âge serait une étape indispensable à une évolution après la mort en un être de pure pensée. Et après tout, le nourrisson se prend-il pour dieu parce qu’il était un dieu avant de naître ? Serions-nous des dieux de passage dans une condition terrienne et humaine ?


    Inspiré de « Métaphysique des tubes » d’Amélie Nothomb et avec une allusion au « Guide du voyageur galactique » de Douglas Adams.

  • Le bonheurs est dans le petit beurre

    Il a un petit beurre par jour
    De un, pas deux, tout les jours
    Ce jour, pas de petit beurre
    Car hier, il a mangé tout les petits beurres

    Il a une grande frustration ce jour
    Il pleure ses petits beurres
    mais demain, à nouveau un petit beurre
    C’est la félicité, demain un petit beurre

    Le bonheurs est dans le petit beurre
    Surtout quand on a qu’un petit beurre par jours